Une chatte allongée dans un panier d'osier contre un mur dans une pièce que la plupart des chats sauvages ne connaissent pas, hors, son compagnon qui est -contrairement à elle- sauvage connaissait très bien cette pièce, il était rentré à l'intérieur plusieurs fois pour rendre visite à sa compagne, une chatte domestique au longs poils noirs. Cette femelle donc, dans un panier fait de tiges appelées "Osier" était en train de donner la vie. Près d'elle se trouvait son compagnon un chat roux aux yeux verts. Non loin de là, les trois Bipèdes qui s'occupaient d'elle, son "mari" étant un chat sauvage. Elle souffrait affreusement, sûrement ne survivrait-elle pas. Cependant, son amant refusait de laisser paraître cette idée. Il la soutenait, lui donnant des conseils ou autres. C'est alors qu'elle en eu marre de l'entendre et commença à chanter :


« Alors c'est donc ça, hein?
Car chacun peut le faire, c'est ça?
"Mourir", c'est bien ça?
Car "vivre" c'est peut-être plus facile?
Pourtant je ne me drogue pas, moi
Aucun mot ne peut décrire un acte aussi irresponsable
ça ne m'avait même pas traversé l'esprit.
- Mais...commença le rouquin.
- Ce monde est mort, mort, mort, mort.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça?!», s'exclama le jeune père, interloqué.

Elle ne l'entendait pas, continuant sa chanson, elle inventait ses paroles au fur et à mesure, venant toutes seules, elle n'eut aucun mal.

« Et si je le faisais une bonne fois pour toutes, ça pourrait être amusant, non?
N'appréhende pas la vie par ta seule façon de voir les choses
Le chemin de la vie est parsemé d'embûches. Tu as buté contre une racine?
- Je ne comprend pas....
- Murmure ces douces paroles,
Exprime cette fierté qui cache ta peine,
Et reviens-nous après avoir retiré cette étiquette
- Je le fait pour toi, Duchesse...
- Arrête tes "Je le fais pour vous",
Arrête tes "Parce que je pense à vous"
Les limites ne sont plus les mêmes aujourd'hui, t'as compris?
- Cette fois, j'ai compris...Tout va bien, arrête de chanter, garde ton souffle pour pousser.
- Arrête tes "J'ai compris" alors qu'il n'en est rien
Arrête tes "Tout va bien" alors qu'il n'en est rien
Le coeur fonctionne différemment, tu l'ignorais ça, hein? Tu l'ignorais !
- ...Oui, mais qu'est-ce que cela change?! Ils nous suffit de rafraîchir nos sentiments chaque jour...Agir normalement est impossible, tu sais.
- Rafraîchir les sentiments, c'est ça?
Parce que c'est plus confortable de te cacher derrière peut-être?
"Agir normalement, c'est juste impossible", ah oui?
Tu peux me dire alors qu'est-ce qui est "normal"?
Personne n'est Dieu !
- Je le sais ça! Mais les mots ne se choisissent pas quand on parle.
- "On ne choisit pas ses mots quand on parle"
C'est vrai, moi on plus, je n'ai pas fait attention
- Bah voilà!
- Et alors? Quoi? à qui? Rien?
- Que t'arrive-t-il?
- Et si je me résous à prendre la mort au sérieux, ça serait amusant non?
Regarde à tes pieds,
La seule embûche que tu aies rencontré c'est un rouleau? Un trottoir en mouvement?
- Duchesse! appela-t-il essayant de la résonner.
- Les douces histoires empoisonnent l'oreille
Si tu n'exprimes pas ton mal-être, ta bouche pourrira
Arrache toutes tes étiquettes, et ne te montre plus
- Mais!
- Je ne te dirai pas que "C'est pour ton bien",
Je ne te dirai pas que "Je pense à toi"
Les limites ne sont plus les mêmes aujourd'hui, moi je l'ai compris.
- Duchesse, tu veux te suicider ou quoi?!
- Je ne dirai jamais "J'ai compris" comme si de rien n'était
Je ne dirai jamais "Tout va bien" comme si de rien n'était
Alors laisse-moi franchir cette ligne qui te tiraille entre deux choix
- Je...Je ne te reconnais pas..., bagaya le félin roux.
- Et quoi? Ton corps ne s'est pas formé tout seul.
Près de 50 000 personnes ont un regard hypocrite, je les ai vues
Les pointer du doigt, dans leur dos, en riant, la tête maintenue, en reculant...
- Tu...Tu est devenue complètement folle...C'est à cause de la fièvre n'est-ce pas?
- Quelques lignes blanches ici, un mur qu'il faut dresser par-là,
Y mettre une porte ici, après avoir enterré un double des clés
"L'ouvrir, ou ne pas l'ouvrir, la fermer, ou ne pas la fermer"
Je ne cesse de me questionner...
- Moi aussi tiens!
- Ta ligne de coeur diffère de la ligne sur ta main gauche
Car ton coeur et le mien n'en forment pas "Deux"
Cette ligne de coeur et celle de ma main gauche ne forment qu'une seule "entité", "moi".
Alors laisse-moi superposer mon coeur au tien, que nous ne fassions plus "qu'un".»

Lorsqu'elle chantait, les petits étaient sortis sans que leur Père ne s'en aperçoive. Il était trop préoccupé par leur Mère à qui la respiration se faisait plus difficile.

« Si tu n'avais pas chanter, tu aurais pu t'en servir...Je n'ai pas su t'en empêcher, je suis misérable..., déclara-t-il
- Non, non Coeur d'Or. Si tu étais misérable, je me serais arrêter de chanter.»

Le jeune matou en fut choqué. Si il était misérable elle se serait arrêter?

« Ce que tu viens de dire n'a aucun sens Duchesse...»

Ne l'écoutant pas, la mourante lança :

« Je veillerais sur vous trois depuis le Clan des Etoiles...Si il m'acceptent évidemment, fit-elle avec un sourire.
- N...Nous trois?!», questionna Coeur d'Or.

En réponse, la femelle qui était trop fatiguée pour parler, se décala quelques peu. C'est à cette instant que deux petites boules de poils apparurent, une rousse et une noire et blanche. Les yeux fermés, ces deux bouilles se dirigèrent vers le ventre de leur Mère qui entre temps, avait arrêter de respirer. C'est à cet instant que le mâle comprit le sens de toute ses phrases, en particulier d'une : "Si tu étais misérable, je me serais arrêter de chanter." Elle avait confiance en lui pour l'avenir des chatons. Malgré son chagrin, il fit un sourire, fier de sa découverte et heureux d'avoir tant de confiance d'une chatte domestique. Doucement, il s'approcha de sa compagne, lui donnant un coup de langues pour lui fermer les yeux.

« J'en prendrais soin, je te le jure. En sachant que tu me surveille, c'est difficile de ne pas faire de son mieux tu sais, murmura-t-il, amusé, à la jeune mère morte, J'attendrais de voir leur caractère pour savoir ou elles seront le plus heureuse.»

Deux Bipèdes s'approchèrent, derrière eux, leur fille âgée de 5 ans (soit environ 60 lunes) en larmes et qui s'approchait, un monsieur à blouse blanche. Il caressa le matou et lui dit qu'il allait prendre ses petits pour les allaiter et les mettre au chaud. Coeur d'Or ne voulait pas mais fut contraint d'accepter ce choix fait. Il n'allait pas attaquer celui qui tenait dans ses mains ses petits, le Bipède risquerait de lâcher les chatons sous la surprise et la peur.
Le matou s'en alla, pataud, à la fois triste et heureux.

Pendant 2 mois entier, le jeune père venait souvent rendre visites à ses filles qui grandirent normalement, et à leur 2 mois, il fut temps pour lui, de les mettre là ou elles seront heureuse. Pendant qu'il réfléchissait, les deux soeurs jouaient à se battre, jeu dont aucune ne se lassait! Elles ne s'en faisaient absolument pas pour leur avenir et voulaient rester tout le temps ensemble, et aussi, ne savait-elles que choisir entre chat sauvage et chat domestique. Voilà donc Coeur d'Or, confronté au choix le plus dur de sa vie. Les laisser aux hommes, ne plus les voir ou très rarement? Les prendre avec lui au risque qu'elle se fassent tuer? Les séparer? Le pauvre matou ne savait que faire en ce jour d'été. Cette chaleur l'empêchait de réfléchir, de plus il ne pouvait jamais voir ses filles bien longtemps car les Bipèdes, pour une raison des plus inconnues, l'empêchait désormais d'entrer et, ils ne laissaient jamais les deux petites sortir bien longtemps, ainsi, Coeur d'Or est contraint de les voir seulement 15 minutes chaque jours. Il ne peut profiter de ses filles, ce qui le met en rogne et l'empêche de réfléchir. Et comme dit plus haut, la chaleur ne l'aidait aucunement! Le matou commençait à désespérer lorsque ses filles vinrent lui parler.

« Papa, pourquoi tu ne nous entraîne pas? demanda la petite chatte noire et blanche.
- Oui, ça serais drôle, et puis ça pourrais t'aider, non?! »

Ce fut le déclic. C'était certain! Il verrait bien qui est apte à entrer dans un clan en les entraînant, non? C'est ce qu'il fit, sans relâche. Il observa bien que Petite de Brume ferait une excellente guerrière et chasseuse, contrairement à sa soeur qui y mettait beaucoup moins d'énergie et de motivation. Ce fut son choix. Alors que Petite Brume partirais avec lui dans la semaine, Petite Fleur, elle, resterais en compagnie des Bipèdes.

« Parfait, j'ai fait mon choix.» annonçais-t-il sereinement alors que la peur le rongeait.

Les deux petites se regardèrent, le regards pétillants. Coeur d'Or remarqua que Petit Brume sautillais de partout, impatiente, alors que Petite Fleur, elle, s'était assise et attendait sagement. « Elle aurait peut-être pu être guérisseuse, aussi? se demanda-t-il alors, calme, posé et sage. Non, elle n'aime pas la vue du sang. » se rattrapa le matou.

« Allez, dit! s'impatienta la noire et blanche.
- Oui Papa, dit!
- Petite Brume, dans deux nuits, tu partiras avec moi. Petite Fleur, toi tu reste avec les Bipèdes, ça vous va?
- Oui! » s'exclama Petite brume tout en sautant.

Petite Fleur, quant à elle, sembla hésiter avant d'annoncer:

« Tant mieux, alors! Je n'imaginais pas que c'était aussi fatiguant, et en plus, Petite Brume m'as fait mal!»

Coeur d'Or remua ses moustaches tout en souriant, il était heureux que son choix plaisent aux filles qui, entre temps, s'était mises à se chamailler. Sans dire un mot, il s'en alla alors que les Bipèdes venaient. C'est ainsi que deux jours après, Coeur d'Or revint au camp avec sa fille Petite Brume, qui fut ensuite nommée Nuage de Brume. Elle fut plutôt mal accueillie, ce qui fait qu'elle ne fait pas confiance à n'importe qui. Elle prouva cependant, de nombreuses fois qu'elle était loyale, c'est pourquoi, elle fut nommée guerrière et son chef, la nomma comme Lieutenante. C'est ainsi qu'à la mort de celui-ci, elle devint chef.